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dimanche 24 juillet 2011

LES PROBIOTIQUES, ALLIES MECONNUS DE LA SANTE



Comme en témoigne la nature, le printemps est la saison du renouveau. Le retour du beau temps donne envie de se sentir bien dans son corps. Or le bien-être est étroitement lié à l'équilibre digestif, souvent mis à rude épreuve durant la période hivernale: infections diverses, fêtes de fin d'année, alimentation plus riche... Afin d'aborder les beaux jours dans des conditions optimales, il peut être utile de recourir à des produits naturels aux multiples vertus: les probiotiques.


  
L'intestin est considéré comme le premier organe immunitaire de l'organisme: sa muqueuse abrite un tissu lymphoïde regroupant les trois-quarts de nos cellules d’auto-défense. Son rôle est complexe car il doit lutter contre les agents pathogènes, des micro-organismes pouvant provoquer des maladies, tout en les différenciant des particules alimentaires et des bactéries constituant la flore digestive. Contrairement aux antibiotiques, dont la fonction est de détruire les bactéries responsables d’infections, les probiotiques sont constitués de micro-organismes vivants exerçant une action positive sur la santé en rendant la flore intestinale plus performante. Du fait de leur apport en bactéries «saines», les probiotiques contribuent à rendre l'intestin moins perméable, donc plus résistant face aux agressions. Ces micro-organismes ont différentes propriétés majeures dont celle de synthétiser des bactériocines (un antibiotique naturel qui protège l'intestin) et d'empêcher la colonisation de la flore par des bactéries néfastes, ce qui nuirait à son équilibre. Comparable à une sorte de "barrière" protégeant l'organisme contre certains germes responsables d'infections, la flore a différentes fonctions physiologiques dont l'importance est fondamentale; grâce à elle, le corps humain est en mesure de synthétiser certaines substances (comme la vitamine K, essentielle à la vie, dont le rôle est d'assurer la coagulation sanguine) ou de digérer des molécules comme la cellulose.


Le tube digestif renferme plus de cent mille milliards de bactéries issues de quatre cents espèces différentes. On retrouve divers types de flore au niveau de l'estomac (ce milieu étant très hostile du fait de son acidité importante, il ne renferme qu'une faible colonie bactérienne), de l'intestin grêle et du côlon (c'est à ce niveau que la flore est la plus abondante). Inexistante à la naissance, la flore intestinale se développe au bout des 24 à 48 premières heures de la vie au cours desquelles elle investit le tube digestif de façon hiérarchisée. Ainsi, on différencie trois groupes:


- La flore dominante, composée de Bifidobactérium et de Bacteroïdes.


- La flore sous-dominante, majoritairement composée de Lactobacillus.


- La flore contaminante, pouvant être à l'origine de maladies mais théoriquement absente.



Les micro-organismes composant la flore vivent les uns avec les autres, formant un écosystème au sein duquel des bactéries naissent et meurent. Ils doivent cohabiter avec de nouveaux micro-organismes provenant d'aliments comme le yaourt, le fromage et toutes les denrées fermentées. Bien qu'étant à la fois bénéfique et indispensable à la santé, la flore est soupçonnée de jouer un rôle précurseur dans le développement de certaines affections intestinales lorsqu'elle est perturbée par une maladie, une infection, un trouble du système immunitaire, le stress, une alimentation inappropriée ou certains médicaments, d’où la nécessité de rétablir son équilibre. C'est à ce niveau qu'interviennent les probiotiques, qui se divisent en quatre grandes catégories:


- Les bifidobactéries (Bifidus) possédant une bonne résistance aux sucs gastriques. Elles permettent de renforcer le système immunitaire, lutter contre la constipation et les gastro-entérites. Entrant dans la composition des yaourts, elles rendent ces produits laitiers plus digestes en réduisant le phénomène d'intolérance au lactose.



- Les ferments lactiques produisant de l'acide lactique issu de la fermentation de certains sucres tels le lactose. Il en existe deux catégories: les lactobacilles (Lactobacillus bulgaris, Lactobacillus acidophilus et Lactobacillus casei) et les coques (Enterococcus et Streptococcus). Ces bactéries sont employées pour la fabrication des yaourts et de certains aliments fermentés. Elles permettent de lutter contre la constipation. Le Lactobacillus GG est quant à lui efficace dans la prévention de la diarrhée du voyageur ("tourista").



- Les levures de bière actives apparentées aux Saccharomyces, principalement utilisées par l'industrie agroalimentaire. Les Saccharomyces boulardii sont des colonies de champignons fréquemment sollicitées pour maintenir et restaurer la flore du gros intestin et de l'estomac, car elles ont démontré une bonne résistance en milieu acide. Riches en vitamines du groupe B et en protéines, elles ont la particularité de digérer le sucre et l'amidon. Cette catégorie de probiotique a démontré son efficacité sur les diarrhées lors de différents essais cliniques.


- Les autres bactéries issues de spores (notamment Bacillus subtilis et Cereus)


Les probiotiques les plus fréquemment employés dans le cadre de l'industrie agroalimentaire et diététique (marché des compléments alimentaires) sont les bifidobactéries et les ferments lactiques. La levure de bière active "Saccharomyces boulardii" bénéficie quant à elle d'une autorisation de mise sur le marché en tant que médicament (délivrée par le ministère de la santé français) du fait de son efficacité prouvée sur la prévention des diarrhées consécutives à une antibiothérapie.



Les probiotiques ont trois fonctions majeures:


- l'amélioration de l'immunité, qui passe par une modulation du système immunitaire intestinal lorsque ce dernier est en proie au déclin ou à une stimulation excessive. 


- le renforcement de la fonction de "barrière" de la muqueuse intestinale pouvant se traduire par un accroissement de la production de mucus ou d'anticorps.


- la protection antimicrobienne se manifestant par le "blocage" des invasions bactériennes responsables d'infections et de leur adhésion aux parois intestinales. 



Les deux extrêmes de la vie constituent des périodes au cours desquelles les individus sont particulièrement sensibles. A la naissance, le tube digestif de l'être humain est stérile. Si la barrière protectrice formée par la flore intestinale n'existait pas, les nourrissons seraient en proie à toutes sortes d'infections, y compris les plus graves pouvant entraîner la mort; de plus, ils se trouveraient dans l'incapacité de synthétiser la vitamine K indispensable à la coagulation (à titre préventif, tous les nouveaux-nés reçoivent une dose de cette vitamine). La flore digestive des bébés commence à se mettre en place progressivement dès qu'ils viennent au monde, au contact de leur mère, des aliments et de l'environnement, mais il faut compter entre trois et six mois pour que la fabrication des anticorps intestinaux soit complète. Le lait maternel contient des anticorps qui vont tapisser la muqueuse digestive du nouveau-né, la protégeant ainsi des agressions microbiennes pendant cette période transitoire au cours de laquelle le nourrisson est particulièrement fragile. Le système immunitaire n'atteignant pas la maturité avant l'âge de 5 à 6 ans, les jeunes enfants sont plus sensibles aux infections intestinales, ce qui explique la fréquence des diarrhées par rapport aux adultes. Des études cliniques ont révélé que l'emploi de laits fermentés permettait de réduire significativement la fréquence et la durée des épisodes de diarrhées chez les enfants sujets aux infections intestinales; en effet, les probiotiques contenus dans ces aliments stimulent certaines cellules responsables des défenses immunitaires et agissent sur la synthèse d'anticorps se trouvant dans l'intestin, d'où une meilleure résistance aux agents infectieux.


Avec l'âge, la flore intestinale s'appauvrit, entraînant un déclin progressif de l'immunité associé à une diminution de l'absorption digestive, ce qui donne lieu à des infections plus fréquentes, des troubles de la digestion et certaines carences nutritionnelles. Une supplémentation en probiotiques permet de réensemencer la flore et de limiter les désagréments liés à son affaiblissement. 


En outre, différentes recherches cliniques ont démontré que les probiotiques pouvaient contribuer à améliorer, prévenir ou du moins soulager certains troubles digestifs comme la constipation, le syndrome de l'intestin ou du côlon irritable et la colite ulcéreuse. Leur efficacité dans le cadre de la prévention et du traitement de la diarrhée infectieuse chez les adultes et les enfants (en complément d'une réhydratation) a été démontrée en milieu hospitalier. Les probiotiques peuvent également prévenir les diarrhées dues aux antibiothérapies (par le biais des Saccharamyces boulardii, comme nous l'avons précédemment mentionné) et diminuer la fréquence de récidive de certaines infections gastro-intestinales récurrentes. Par ailleurs, du fait de leur action sur les mécanismes immunitaires, les probiotiques ayant été administrés à des femmes enceintes diminuent les cas d'allergies, d'asthme, et réduisent de moitié l'impact de l'eczéma atopique des nourrissons.


L'entretien de la flore intestinale ne se limite pas à la seule consommation d'aliments fermentés comme le fromage, la choucroute ou certaines préparations lactées; les souches bactériennes doivent démontrer qu'elles ont de réels effets sur la santé afin de recevoir la dénomination de probiotique. De plus, il n'est pas rare que les bactéries contenues dans les produits fermentés soient détruites par le mode de cuisson, de préparation ou de conservation. Si elles meurent avant d'arriver dans l'assiette du consommateur, ces souches ne présentent plus le moindre intérêt pour la santé. Parmi les différentes catégories de denrées, les yaourts sont à privilégier car ils contiennent dix millions de bactéries par gramme et ont l’avantage d’être peu caloriques. 


Du fait de leurs nombreuses vertus, les probiotiques suscitent l'intérêt de l'industrie agroalimentaire, consciente des enjeux économiques pouvant découler des "alicaments", aliments ayant une action bénéfique sur la préservation de la santé ou permettant la prévention de certaines maladies. Ainsi, les laboratoires de recherche ont mis au point des produits spécifiques visant à stimuler l'immunité en maintenant ou rétablissant l'équilibre de la flore intestinale. Parmi ces "aliments santé", on retrouve certains yaourts et laits fermentés contenant des souches de probiotiques ayant des effets notoires sur l'organisme (de nombreux médecins évitent de recommander ce type de produits à leurs patients car les intolérances et les allergies aux produits laitiers sont très répandues. Il faut également savoir que ces préparations contiennent généralement des sucres ou des édulcorants favorisant le développement des agents pathogènes). L'AFSA (Agence Française de Sécurité des Aliments) a reconnu qu'une boisson lactée contenant des souches de Lactobacillus casei Defensis «participait au renforcement des défenses naturelles de l'organisme dans le cadre d'une consommation quotidienne». De même, on trouve désormais des préparations formulées à base de prébiotiques et probiotiques agissant en symbiose afin d'obtenir une action plus ciblée sur le système digestif. Les prébiotiques sont des substances inertes (généralement des fibres alimentaires solubles issues des végétaux, comme l'inuline) dont se nourrissent les bactéries de la flore intestinale voyant ainsi leur activité et leur croissance stimulées. L'interaction prébiotiques/probiotiques contribue à une meilleure régénération de la flore intestinale et favorise l'équilibre digestif.


Les personnes présentant des intolérances aux produits laitiers ont la possibilité de s'orienter vers des compléments alimentaires sous forme de gélules ou de sachets, une façon simple de consommer des probiotiques. Il faut cependant faire preuve de vigilance et s'assurer que les compléments en question contiennent un nombre précis et suffisant de bactéries vivantes (entre deux et six milliards au minimum). La condition sine qua non à l'efficacité des bactéries provenant des probiotiques est qu'elles soient vivantes lorsqu'elles arrivent dans l'intestin; afin d'éviter leur destruction résultant d'un passage dans le milieu acide de l'estomac, il est recommandé de choisir des conditionnements sous formes de capsules entérosolubles qui se dissoudront dans la zone cible: l'intestin. Les personnes souhaitant consommer des probiotiques dans le but de rééquilibrer leur système digestif peuvent prendre entre deux à dix milliards de bactéries lactiques par jour en une ou deux prises (selon le conditionnement des compléments alimentaires) trente minutes avant l'un des principaux repas, pendant quinze à trente jours. A titre préventif, avant un voyage à l'étranger, il est recommandé de faire une cure de levure de bière active (Saccharomyces boulardii) à raison de 250 à 500 mg par jour, une semaine avant le départ. En cas de diarrhée, une supplémentation dosée entre deux et dix milliards de bactéries lactiques, à prendre trente minutes avant chacun des trois repas, donne de bons résultats. Si l'accélération brutale du transit est causée par une antibiothérapie, il est nécessaire d'attendre au moins deux heures entre la prise d'antibiotiques et l'ingestion des probiotiques; les antibiotiques portant atteinte à l'intégrité de la flore intestinale (ils détruisent certaines "bonnes" bactéries en plus de celles qui sont nocives), les médecins conseillent de continuer à prendre des probiotiques pendant les deux semaines consécutives au traitement.  



A ce jour, les mécanismes de fonctionnement des probiotiques et des prébiotiques n'ont pas encore été clairement définis, cependant leurs propriétés sont officiellement reconnues par le corps médical qui les emploie à titre préventif et curatif afin d’améliorer la qualité de vie des patients, quel que soit leur âge.