dimanche 24 juillet 2011

S.E MR BOUTROS ASSAKER, AMBASSADEUR DU LIBAN EN FRANCE



Haut lieu de représentation de l'Etat, l'ambassade du Liban, installée à Paris, est également synonyme de raffinement et d'élégance. Idéalement située au sein de la Villa Copernic, l'ambassade arbore avec fierté les couleurs du pays du Cèdre. Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur Boutros Assaker m'a ouvert les portes de cette somptueuse demeure afin d'évoquer son quotidien.









Votre Excellence, quel a été votre parcours diplomatique et depuis quand êtes-vous à la tête de l'ambassade du Liban en France?


J'ai commencé ma carrière à Bogota, en Colombie, où j'ai passé trois ans en tant que Premier Secrétaire. Parallèlement à cela, j'ai préparé une maîtrise de sciences politiques à la prestigieuse Université Catholique de Bogota. J'ai ensuite été muté à Belgrade, peu avant l'implosion de la Fédération Yougoslave. J'ai acquis une grande expérience dans ce pays qui présente des similitudes avec la société libanaise. Par ailleurs, j'ai également été premier conseiller et chef de mission diplomatique à Rome, où je suis resté sept ans, avant d'être nommé Ambassadeur auprès de la Fédération de Russie et de la République de Biélorussie. Puis je suis retourné à Beyrouth où j'étais directeur des Affaires Politiques au Ministère des Affaires Etrangères, tout en exerçant la charge de Secrétaire Général. Lors de mon séjour au Liban, le gouvernement libanais m’a chargé de suivre le dossier de l'assassinat de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri au Conseil de Sécurité des Nations Unies. J'ai contribué à l'établissement de la commission d'enquête et à la création du tribunal international. A la suite de cette période qui a duré presque trois ans, j'ai été nommé à Paris où je suis Ambassadeur du Liban depuis juillet 2007.



Comment se déroule l’une de vos journées type à l'ambassade?


Je me réveille très tôt, aux environs de six heures. Ma journée commence par une lecture de la presse libanaise et locale sur internet. Ensuite, je me consacre au sport en pratiquant une heure de jogging. A neuf heures précises, j’intègre mon bureau où je reste habituellement jusqu'à quinze heures. S'il y a des rendez-vous au Quai d'Orsay, dans d'autres ambassades, ou si je dois assister à des conférences, je me déplace personnellement ou délègue la mission à un diplomate de l'ambassade. Le soir, je dois souvent me consacrer à mes engagements sociaux. L'ambassade du Liban en France est une ambassade de premier plan, c’est le plus grand lieu de représentation de l’Etat libanais à l’étranger. Etant donné les relations très riches et variées entre nos deux pays sur les plans politique, culturel, social et économique, les visites sont très nombreuses, tout comme les sollicitations de différente nature. Elles prennent beaucoup de temps mais c'est pour moi très intéressant et une grande source de satisfaction dans la mesure où ces relations sont excellentes.


L'ambassade occupe la Villa Copernic, un très bel hôtel particulier. Quelle est l'histoire de ce lieu et dans quelles circonstances a-t-il été acquis par l'état Libanais?


La Villa Copernic est un hôtel particulier datant du XIXe siècle. Ahmad Al-Daûq, notre premier Ambassadeur, en a fait l'acquisition en 1944, juste après l'Indépendance. A la place des bureaux actuels se trouvait un petit jardin, les locaux administratifs n’ayant été construits qu’au milieu des années 1960. C'est l'une des plus belles ambassades libanaises dans le monde. Nous l’avons restaurée en 2009. Les banques libanaises de Paris ont contribué au financement des travaux. 



Le Liban et la France sont soudés par des liens historiques et culturels particulièrement étroits. En dépit de l'image négative véhiculée par la guerre civile, comment le Liban est-il perçu aujourd'hui et y a-t-il des idées reçues contre lesquelles vous aimeriez lutter par le biais de votre fonction d'Ambassadeur?


Les relations unissant le peuple libanais et la France remontent au XIIe siècle. Déjà à cette époque, les rapports entre les rois de France et la communauté maronite étaient étroits et privilégiés. En 1860, sous Napoléon III, les relations se sont concrétisées et renforcées. Un statut spécial a été accordé au Mont-Liban à la suite des événements douloureux qui s’y sont déroulés. Les relations qu’entretiennent le Liban et la France sont d'ordre culturel, cultuel, politique et économique. La France veille à l'indépendance et à la souveraineté du Liban. Je me réfère systématiquement à toutes les résolutions du Conseil de Sécurité concernant le Liban. C'est la France qui se charge de mettre en application les projets relatifs à ces résolutions dont les préambules comportent des clauses faisant référence au maintien ainsi qu’à la protection de la souveraineté et de l'indépendance de notre pays. La France s'implique beaucoup dans la préservation de l'unité du peuple libanais, elle aide à consolider cette unité et à protéger l'indépendance du Liban. Les relations entre les deux pays sont basées sur des valeurs humaines telles que la démocratie, la justice, la liberté, le dialogue, la modération... Nous partageons aussi des valeurs culturelles par le biais de la francophonie.


Parmi vos différentes missions, quelles sont celles qui vous tiennent le plus à cœur sur le plan humain?


Chaque pays a son charme, et chaque peuple a sa culture et ses coutumes. Pour un diplomate, il faut savoir s’adapter, même s’intégrer et comprendre le pays d’accréditation pour pouvoir travailler et réussir sa mission. En Colombie, dont le peuple était confronté à une grande pauvreté dans les années 1980, je ne pouvais qu’être sensible à la lutte quotidienne que menaient les Colombiens contre leurs conditions de vie, et que l’on observait dans les grands quartiers de la capitale et des villages avoisinants. Je crois que personne ne peut rester insensible à une telle souffrance. Il est vrai que ma fonction d'Ambassadeur me permet de vivre dans un cadre luxueux et privilégié. Toutefois, le fait de jouir de certains privilèges ne doit pas nous confiner dans l'isolement et faire de nous des étrangers par rapport à l'environnement dans lequel nous évoluons. Je me sens concerné et particulièrement sensibilisé par le sort des personnes qui vivent dans la misère. En Russie, j'ai été marqué par l'attachement profond du peuple russe à son pays, ainsi qu’à son nationalisme remarquable qui suscite l’admiration. Aucun obstacle n'a détourné ce peuple de ce qui est essentiel pour lui, à savoir la culture. Quant à l’Italie, pays méditerranéen, je ne pouvais que voguer dans sa culture, ses coutumes et les particularités du peuple italien qui ressemblent largement à celles du peuple libanais. 



Vous attachez beaucoup d'importance à la culture libanaise et contribuez à promouvoir son rayonnement. Quelles formes d'expression artistique préférez-vous mettre en avant lorsqu'il s'agit de présenter le Liban à des personnes ne connaissant pas votre pays?


Toutes les formes d'expression artistique m'intéressent, notamment celles qui contribuent au rayonnement culturel du Liban en France comme la littérature, la peinture, la musique.... J’aimerais citer les écrivains et les poètes libanais d'expression française tels Amine Maalouf, Salah Stétié, Andrée Chedid, Vénus Khoury-Ghata... Ayant consacré une partie de mes études aux lettres, j'ai naturellement tendance à promouvoir la littérature, sans pour autant négliger les autres disciplines. Je n'hésite jamais à parrainer la présentation d'une œuvre littéraire à l'Office du Tourisme libanais. Le domaine de la création littéraire libanaise est particulièrement prolifique et j’en suis réellement fier.


Si vous deviez décrire le Liban en quelques mots, lesquels choisiriez-vous?


On dit que le Liban est un message. Pour moi, c'est avant tout un brassage culturel et communautaire où la coexistence est en perpétuelle mutation.



Quelle place la francophonie occupe-t-elle au Liban? Pensez-vous qu'il faille multiplier les initiatives contribuant à la populariser, comme "La France au Liban" ou "Le Salon du Livre Francophone"?


A ce jour, la langue française, qui véhicule tant de valeurs communes à notre culture, occupe toujours la première place par rapport à d'autres langues étrangères couramment pratiquées, comme l'anglais ou l'espagnol. Un peu plus de 60% des libanais parlent français. Les défenseurs de la francophonie craignent cependant que la langue française soit reléguée au second plan derrière l'anglais. Les événements culturels organisés entre Paris et Beyrouth contribuent à préserver la place éminente occupée par la langue de Molière au Liban, même si ce ne sont pas des éléments déterminants. Je pense qu'un des points essentiels est l'enseignement de la langue française dans les écoles. Il existe désormais un programme d'aide s'appuyant sur le renforcement de l'enseignement du français et l'emploi de cette langue au sein des écoles, collèges, lycées et universités (établissements publics et privés) du Liban. Il faut encourager la lecture en ouvrant des centres dans toutes les bibliothèques et les différentes circonscriptions administratives libanaises. Le nombre de bibliothèques demeure encore limité dans beaucoup de nos régions, à mon grand regret. Il faut également pouvoir employer un personnel adéquat ayant bénéficié d'une formation spécifique pour enseigner la langue française dans les meilleures conditions. Des protocoles de coopération ont été mis en place au niveau des enseignants du secondaire et du supérieur, mais malheureusement cela ne suffit pas. Je pense que dans ce domaine, les efforts doivent être partagés entre la France et le Liban. Il est nécessaire de mettre en œuvre les meilleurs moyens en ce qui concerne le renforcement de l'apprentissage de la langue française au Liban.



Dans le cadre de l'exercice de vos fonctions, quels aspects vous rendent le plus fier de votre pays, de vos origines, et quelles valeurs tenez-vous à transmettre à vos compatriotes ainsi qu'aux citoyens étrangers? 


Je suis très heureux d'être Ambassadeur du Liban à Paris. Tout d'abord, c'est pour moi un honneur de représenter le gouvernement et le peuple libanais en France. Cela a une signification spéciale du fait des relations historiques privilégiées qu'entretiennent nos deux pays. Paris est notre première destination. D’autre part, il y a une importante communauté libanaise et franco-libanaise installée en France depuis des années dont je suis très fier. C'est une communauté particulièrement intégrée au sein de laquelle on trouve des personnes issues de milieux variés. Il y a par exemple cinq mille médecins d'origine libanaise en France mais également des ingénieurs, des professeurs d'université, des intellectuels, des écrivains, des artistes, des hommes d'affaires, des restaurateurs, des artisans, des petits commerçants.... Le peuple français considère le peuple libanais comme un peuple frère et l'a toujours accueilli chaleureusement. Le Liban est un petit pays qui a traversé un grand nombre d'épreuves; des protagonistes étrangers ont tenté de le transformer en un champ de bataille. En dépit de toutes les guerres, de toutes les épreuves, le Liban est resté fidèle à lui-même. Sa personnalité juridique internationale n'a pas été remise en cause durant les années de guerre, son administration n'a jamais cessé de fonctionner, car malgré les clivages politiques, les libanais ont su demeurer viscéralement attachés à leur pays. Le patriotisme, le dialogue, la tolérance, le vivre en commun, l’attachement profond à la liberté, à la démocratie et à la justice, se perpétuent dans le cœur de chaque libanais, où qu'il vive.












PATRICK POIVRE D'ARVOR, UN ESTHETE GUIDE PAR LA PASSION



On ne présente plus Patrick Poivre d'Arvor. Pilier du paysage audiovisuel français, ce grand journaliste a marqué le monde de l'information en imposant un professionnalisme hors pair allié à l'élégance d'un style très personnel. A la fois témoin et messager d'une époque dont il décrypte les codes avec autant de rigueur que de précision, Patrick Poivre d'Arvor est également un homme de lettres maîtrisant l'art de sublimer les mots, invitant le lecteur à la réflexion ou au rêve à travers un univers intimiste. Rencontre exclusive.       

  






Patrick Poivre d'Arvor, le public vous connaît en tant que figure emblématique de la presse audiovisuelle et écrivain à succès. Comment vous définiriez-vous?


Je suis avant tout journaliste et écrivain. Le succès découlant de la médiatisation m'intéresse peu, ce qui compte pour moi est d'essayer de suivre ma route avec droiture. L'écriture occupe une grande place dans ma vie, je suis l'auteur d'une cinquantaine de livres dont le premier, "Les enfants de l'aube", a été rédigé alors que j'étais âgé de dix-sept ans. Deux de mes ouvrages viennent d'être publiés simultanément: "Tenir et se tenir" (Presses de la Renaissance), ainsi que le premier volume d'une collection intitulée "Mots pour mots" (Seuil) créée en collaboration avec mon frère Olivier, mettant en comparaison différents textes, souvent anciens. Il y a notamment un livre dédié aux passions amoureuses des écrivains, un autre consacré à leurs procès... Dans les prochaines éditions, il sera question des rapports que les écrivains entretenaient avec leur mère; on retrouvera également les récits de grands navigateurs. Les thèmes abordés au sein de cette collection seront très variés.



Parallèlement à la rigueur et au professionnalisme qui vous caractérisent, votre style associé à votre personnalité charismatique ont contribué à vous hisser au sommet de la hiérarchie des médias et à faire de vous une célébrité. La cohabitation entre l'homme public exposé aux feux des projecteurs et l'écrivain faisant face à la solitude est-elle aisée ou conflictuelle?


Je dois reconnaître que cette situation n'est pas toujours évidente du fait de la dichotomie qui existe entre ces deux activités. J'ai longtemps considéré le journalisme comme une activité de jour, comme son nom l'indique, la nuit étant plus propice à l'écriture et la lecture. Actuellement, je me consacre de plus en plus à l'écriture. Je me nourris de tout ce que je peux apprendre par le biais de mon métier, il me parait essentiel de garder intacts ma curiosité et mon ouverture d’esprit, sources d'enrichissement de mon oeuvre littéraire. L'écriture me passionne depuis toujours, c'est pourquoi il était naturel que je me lance dans ce type d'activité. Faire de sa passion un véritable métier est une chose extraordinaire et je suis très heureux de pouvoir aller jusqu’au bout de cette passion.




Considérez-vous l'écriture comme un exutoire, et si tel est le cas, pensez-vous que le fait de coucher des mots sur une page blanche soit plus libérateur que de se confier à un interlocuteur? 


L'écriture aide beaucoup, elle m'a permis de mieux surmonter certains caps difficiles, qu'ils soient d'ordre privé ou professionnel. Néanmoins, elle ne peut se substituer à une séance de psychanalyse; c'est un art, pas une médecine ou un remède. De plus, je pense que les lecteurs n'ont que faire des états d'âme d'un auteur.



Du fait de votre profession de journaliste, on vous imagine plutôt cartésien et toujours en quête de vérité. D'un autre côté, l'écrivain que vous êtes a besoin de laisser libre cours à son imagination, sa créativité. Votre fibre créatrice s'exprime-t-elle exclusivement dans le domaine littéraire ou bien vous arrive-t-il de vous adonner à l'art par le biais de disciplines comme la peinture ou la sculpture?


Je suis un grand amateur d'art, c'est quelque chose dont j'ai besoin en permanence. Ce domaine m'intéresse, me nourrit, ouvre mes horizons. Par ailleurs, j'ai toujours été fasciné par l'opéra. Je vais prochainement mettre en scène "Carmen" de Bizet, dont les représentations se tiendront en France pendant quelques mois à partir du début du mois de juin 2010.




Quelle place l'art occupe-t-il dans votre vie? Vos goûts sont-ils plutôt classiques, contemporains ou éclectiques? Y a-t-il des artistes ou des oeuvres qui vous émeuvent particulièrement?


De nombreux artistes suscitent mon émotion. Dans le domaine de la peinture, je suis très sensible à l'oeuvre d’Yves Klein pour lequel j'éprouve beaucoup d'admiration, tout comme Kijno ou d'autres figures majeures de l'art contemporain. En fait, tout m'intéresse, je ne demande qu'à faire de nouvelles découvertes. Mes goûts sont classiques, à titre d'exemple je citerais l'exposition consacrée à Turner au Grand Palais, à laquelle je me suis rendu récemment. Deux jours plus tard, je suis allé au Centre Pompidou afin de découvrir l'exposition de Lucian Freud.




Quels sont vos goûts en matière de musique? Préférez-vous écrire dans le silence ou soutenu par une toile de fond musicale?


Comme de nombreux adolescents, lorsque j'ai commencé à écrire, la musique m'accompagnait, mais je ne le recommande à personne car c'est une source de perturbation. On ne peut pas mêler deux émotions, la sienne et celle d'un artiste. Mes goûts sont très éclectiques; hormis l'opéra, j'aime le vieux jazz américain, les belles chansons françaises dites "à texte"…. Je peux également être ému par des styles totalement inattendus qui, à priori, ne sont pas censés me plaire.




Etes-vous sensible au luxe et quel sens a-t-il à vos yeux?


Le luxe, c'est ce que l'on n'a pas. En ce qui me concerne, le véritable luxe est le temps. J'aimerais avoir la possibilité de prendre mon temps.



L'utilisation de l'outil informatique et la généralisation de l'usage d'internet ont profondément modifié le traitement et la diffusion de l'information. Quel rapport entretenez-vous avec ces technologies et pensez-vous qu'elles puissent nuire au code déontologique régissant votre profession du fait des nombreux débordements qu'elles suscitent, notamment une certaine forme de désinformation?


J'emploie ces technologies tout en entretenant un rapport très lointain avec elles. C'est pour moi un outil, pas une fin en soi. Il faut faire preuve de vigilance à leur égard, croiser ses sources, les recouper, afin de ne pas tomber dans la désinformation.



Votre métier est indissociable de l'actualité, il se vit "sur le vif". Cet ancrage dans l'instant présent a-t-il une incidence sur votre perception du temps qui passe? Etes-vous un homme nostalgique?  


Effectivement, je suis quelqu'un d'assez nostalgique. Je le reconnais et ne le vis pas comme une tare. Le passé est important, il nous apprend beaucoup sur nous-mêmes et sur l'avenir. J'ai des moments de blues et ne renie pas mon côté mélancolique qui peut laisser place à des phases d'exaltation. De ce point vue, je pense être un vrai romantique.



Vous donnez l'image d'un homme animé par la passion. Dans les sphères professionnelles et privées, vous laissez-vous plus facilement guider par la raison ou la passion?


C'est souvent la passion qui me guide, même si j'essaie de la "raisonner", notamment dans le domaine professionnel. 



Vous avez déjà eu l'occasion de visiter le Liban. Quel regard portez-vous sur ce pays et sa culture où la francophonie est encore très présente en dépit de l'influence croissante de la langue anglaise?


J'aime beaucoup le Liban, d'ailleurs je l'ai récemment mis à l'honneur dans le cadre d'une émission de télévision intitulée "Horizons Lointains" diffusée sur Arte, qui a été consacrée à Beyrouth, et dans laquelle des écrivains évoquent leur pays. Je voulais que l'on parle du Liban autrement qu'à travers les attentats et les problèmes politiques de toute nature, comme c'est généralement le cas. J'ai découvert ce pays avant la guerre. Pour les besoins de l'actualité, je m'y suis rendu très souvent en période de conflits ou de troubles, cependant j'ai toujours trouvé que l'air y était doux, dans tous les sens du terme. J'apprécie l'intelligence de ce peuple qui me touche et avec lequel je me sens bien. Le Liban est semblable au Phoenix qui renaît de ses cendres. On y trouve une force de vie très puissante, un incroyable dynamisme et un optimisme omniprésent.



Pensez-vous que la généralisation de l'accès à la culture permette de lutter contre les clivages politiques, sociaux et religieux dans un pays encore déstabilisé par trente ans de guerre civile?


C'est une évidence. La culture véhicule toutes sortes d'émotions. Un poème, quelle que soit la langue dans laquelle il est écrit, conservera son essence et pourra toucher des personnes de différents âges, religions, milieux sociaux... Je considère la culture comme un vecteur absolu de connaissance de l'autre et de rapprochement entre les êtres. La haine trouve souvent ses racines dans l'ignorance, d'où l'importance du savoir.






Patrick Poivre d’Arvor, si vous étiez....



Une émotion: celle que je ressens actuellement  


Un désir: voler comme un albatros


Une saison: le printemps


Une couleur: une tonalité entre le mauve et le parme


Une ville: Paris, bien que je ne sois pas très citadin


Un paysage: la Côte de Granit Rose en Bretagne


Un élément naturel: la mer


Un mot de la langue française: tendresse


Un moment de la journée: la tombée de la nuit


Un péché: trop de désirs à la fois








PRIVE JEWELLERY, L'ART D'EXALTER LA FEMINITE



La nature recèle des trésors d'une infinie beauté dont la diversité dépasse l'imagination. Ainsi, les gemmes sont sans nul doute l'une des plus fascinantes merveilles que les entrailles de la Terre puissent offrir. Façonnées par des mains expertes, elles s'unissent aux métaux les plus précieux pour donner naissance à de somptueux bijoux. Passionnées de gemmologie, originaires de Russie, Sonia et Katia Gaydamak ont décidé de matérialiser leurs rêves et leur élan créatif en fondant Privé Jewellery, une marque à leur image, emprunte de féminité, de raffinement et d'originalité s'inscrivant dans un esprit résolument contemporain.


J'ai rencontré Sonia Gaydamak qui m'a accordé un entretien exclusif et m'a présenté quelques unes des créations de Privé Jewellery*.


  

Comment est née votre entreprise de création de joaillerie, quelles sont vos spécificités et comment vous positionnez-vous par rapport au marché?


Privé Jewellery est le fruit d'un long processus créatif que ma soeur Katia et moi avons acquis au fil du temps. La joaillerie a toujours fait partie de notre univers. A titre anecdotique, lorsque nous étions petites, nous avions l'habitude de jouer avec les bijoux de notre mère; nous adorions ce contact avec les pierres précieuses dont l'éclat et la diversité des couleurs nous captivaient. Nous nous intéressions aux moindres détails et prenions plaisir à imaginer la façon dont laquelle ces bijoux pouvaient avoir été conçus. Réunies par notre complicité, nous avons pris la décision de partager et faire partager notre passion après avoir suivi un long cursus universitaire complété par des études de gemmologie à New York. C'est ainsi qu'est né notre projet, Privé Jewellery. Nous sommes complémentaires à tous les niveaux, même s'il est vrai que Katia s'oriente d'avantage vers l'aspect créatif et moi vers le domaine stratégique. Les marchés que nous visons sont sélectionnés en fonction d'affinités et d'attentes communes. Chacune de nos créations a une histoire qui lui est propre, c'est pourquoi les personnes accordant leur confiance à Privé Jewellery font une acquisition allant au-delà d'un choix de bijou au sens traditionnel du terme; chaque cliente se trouve confrontée à un ressenti différent en fonction de sa personnalité, sa sensibilité, mais dans tous les cas un lien unique se tisse entre le bijou que nous avons créé et la femme qui le porte. Cet aspect, essentiel à nos yeux, constitue l'un des principaux facteurs nous distinguant du marché de la grande distribution. Pour évoquer un exemple concret, nous avons élaboré une collection intitulée "1802", inspirée par l'Ordre de la Légion d'Honneur créé par Napoléon en cette même année. Nos parents, tous deux passionnés d'Histoire de France, s'intéressent particulièrement à la période Napoléonienne et à tout ce qui y a trait. Un jour, en feuilletant un livre sur Napoléon, ma soeur a décidé de créer une collection qui s'inspirerait de l'Ordre de la Légion d'Honneur. Les bijoux de la collection "1802" sont nés ainsi, et je dois avouer qu'ils ont remporté un franc succès auprès de nos clientes. Katia est naturellement dotée d'une grande sensibilité artistique qui lui permet de faire ressortir la beauté de la femme et même de l'embellir par le biais de ses créations qui la rendent plus attirante, plus sensuelle, mais également d'avantage en phase avec elle-même.

   


Quelles sont vos sources d'inspiration et comment se déroule le processus créatif aboutissant à une pièce de joaillerie?


Nous puisons notre inspiration dans le monde qui nous entoure: il peut s'agir de livres d'art, de mode, de mobilier, de sculpture... Outre les supports visuels, il est très intéressant de se laisser porter par l'émotion que suscite la musique et dont peuvent découler des idées nouvelles. Il en est de même en ce qui concerne la musicalité d'une langue. Tout ce qui repose sur un support créatif et touche notre sensibilité est susceptible de nous inspirer. Les voyages, les différentes cultures qui ont imprégné notre éducation jouent également un rôle important. Le fait que nos parents aient quitté l'Union Soviétique pour s'installer à Paris a considérablement influencé nos vies sur le plan culturel, et par conséquent, artistique, car nous avons eu accès à un double patrimoine intellectuel. Nous sommes aussi très attachées à l'Orient qui représente un vivier créatif dans lequel nous puisons de nombreuses inspirations.


Ayant un cahier des charges peu restrictif, nous avons la chance de pouvoir travailler au gré de nos envies, l'important étant d'atteindre une satisfaction créative que nous faisons partager à notre clientèle.



A quel type de femme vos créations s'adressent-elles, qui sont vos clientes?


Sans forcément se limiter à un profil particulier, tout créateur fait plus ou moins référence à un profil de femme qui l'inspire. Etant passionnée de cinéma, je pense à des actrices de légende qui, en plus de définir la féminité et l'élégance, portent en elles une beauté et une aura allant bien au-delà des mots, comme par exemple Jeanne Moreau ou, dans un registre plus moderne, Monica Bellucci. Ma soeur, quant à elle, est sensible au style du mannequin Gisèle Bündchen. De telles femmes nous donnent envie de créer des bijoux à leur intention. Cependant, je ne me réfère pas qu'aux stars et reconnais être inspirée par les personnes de mon entourage, en premier lieu notre mère. C'est une femme à la fois naturelle et très distinguée dont le goût raffiné est connu de tous ceux qui la côtoient. En plus de l'inspiration qu'elle nous apporte, nous la consultons régulièrement et recherchons son approbation par rapport au processus créatif et stratégique. Lorsqu'une nouvelle collection voit le jour, notre mère est la première personne à qui nous présentons nos modèles; sa beauté, son élégance et la richesse de sa personnalité font d'elle notre meilleure ambassadrice. Par ailleurs, Katia et moi nous inspirons mutuellement, de ce fait ma mère, ma soeur et moi formons une sorte de triangle qui constitue un véritable tremplin créatif. Nous songeons également à nos amies lorsque nous travaillons, à ce qui leur irait, aux modèles qu'elles aimeraient porter...


Parmi nos clientes, on retrouve des femmes jeunes, actives, qui aiment se faire plaisir, mais également des femmes d'âge mûr. Toutes ont en commun la passion des bijoux, l'envie de plaire et surtout de se plaire. Il arrive de plus en plus couramment que des femmes s'offrent des bijoux, et cela sans raison particulière mais simplement pour satisfaire leur envie, alors qu'il y a quelques années ce type d'achat était relativement marginal. Nos créations s'adressent à des personnes souhaitant combiner simplicité, élégance et originalité; elles peuvent être portées en toutes circonstances et à tout moment. Nous avons également une importante clientèle d’hommes en quête de bijoux susceptibles de faire ressortir la beauté et la féminité de celle à qui ils destinent leur cadeau.




Avez-vous des gemmes préférées? Parlez-nous de celles que vous avez le plus de plaisir à mettre en valeur à travers votre travail.


Je nourris une grande passion pour le diamant, non seulement pour la gemme en tant que telle, mais également pour son histoire, pour le cheminement qui fait qu'il se retrouve sur un bijou après des millions d'années passées sous terre; c'est aussi ce caractère intemporel, cet incroyable voyage à travers le temps qui me fascine, m'interpelle. Le diamant associe la beauté et l'éclat à la force: c'est le matériau le plus dur qui existe, il a le pouvoir de briller et briser en associant l'élégance et la distinction à cette dualité unique; on ne peut rester indifférent face à cela. Katia a une préférence pour l'émeraude. Personnellement, je n'apprécie pas la couleur verte, mais lorsque ma soeur emploie des émeraudes dans ses créations je les aime, tant elle maîtrise l'art et la manière de les sublimer. Notre activité est concentrée sur la joaillerie, pas la gemmologie, nous ne sommes pas diamantaires; les diamants que nous employons ont pour fonction de soutenir d'autres pièces et c'est ce qui rendra le bijou intéressant; notre recherche ne se focalise pas uniquement sur les pierres, ce qui n'exclue pas une grande rigueur quant au choix de ces dernières.



Employez-vous les pierres semi-précieuses, les pierres fines et quelle est leur place au sein de la joaillerie?


Nous employons les pierres précieuses, semi-précieuses et fines. Il s'agit de trouver des combinaisons harmonieuses et élégantes mais parfois surprenantes lorsqu'elles sont teintées d'audace. Bien que moins onéreuses que les pierres précieuses, nous travaillons également les pierres fines dont la particularité des couleurs et de l'éclat invitent au rêve, au romantisme, comme par exemple la pierre de lune, l'oeil de tigre, l'opale, l'agate ou l'onyx.... Les pierres de toutes sortes offrent une fantastique palette de coloris grâce à laquelle la créativité se renouvelle en permanence. Ainsi, une gemme peut présenter différents aspects, comme le saphir: il en existe de multiples variations allant des dégradés de bleu au rose, en passant par le rouge ou le jaune.

  

On entend de plus en plus souvent parler de pierres synthétiques (notamment en ce qui concerne les saphirs), que pensez-vous de ce type de gemmes et les utilisez-vous?


Nous nous positionnons dans le créneau de la joaillerie de luxe et n'employons que des pierres naturelles. Cependant, les gemmes synthétiques peuvent être utiles. Objectivement parlant, avec les techniques modernes actuelles, il est possible d'obtenir des résultats très esthétiques avec les pierres traitées et je ne dénigre ni les personnes qui les fabriquent, ni les clients qui les achètent. Selon moi, un bijou n'est pas forcément onéreux, c’est pourquoi il serait regrettable de porter atteinte à notre profession pour des raisons économiques. Il ne faut pas vendre tout et n'importe quoi sous prétexte que les pierres naturelles coûtent trop cher. Pour schématiser, je porte sur les pierres synthétiques un regard similaire à celui que je porte sur la contrefaçon. Je comprends que l'on soit séduit par le côté accessible de ces produits, ainsi que les motivations financières pouvant pousser certaines marques à les employer, mais c'est un état de fait que je n'accepte pas. Depuis toujours, il existe dans le domaine des gemmes une forme de hiérarchie qu'il est nécessaire de respecter, qu'il s'agisse de pierres précieuses, semi-précieuses ou fines. Je déplore que ce système soit remis en cause pour des raisons économiques. 

  

Comment reconnaître un bijou de qualité? Quels sont les critères permettant de déterminer la pureté d'une gemme?


Tout dépend du type de bijou. Lorsque l'on se trouve face à une pièce majoritairement constituée de pierreries, ce sont ces dernières qui seront examinées en premier lieu, avec minutie: les gemmes ne doivent pas présenter de défauts trop importants et le rapport qualité-prix est à prendre en compte. En ce qui concerne les bijoux constitués de diamants, il faut toujours demander un certificat gemmologique (cela est valable lorsque les diamants ont une certaine taille, s'il s'agit de pavage ou de micro-pavage, on ne délivre pas ce type de document car les pierres sont trop petites).


Au sein de Privé Jewellery, nous nous soucions également du confort de nos clientes, ce qui n'est pas forcément le cas de tous les autres joailliers: ainsi, nous accordons beaucoup d'importance au poids des boucles d'oreilles; les femmes étant toujours gênées par les boucles d'oreilles lourdes, nous faisons en sorte que nos clientes ne soient pas incommodées par des bijoux trop pesants. Par ailleurs, nous soignons beaucoup la finition de nos bijoux qui doivent demeurer esthétiques quel que soit l'angle sous lequel ils sont exposés; ainsi, lorsque nous pavons une bague de diamants, ces derniers font tout le tour de l'anneau alors qu'habituellement, les joailliers délaissent l'arrière du bijou, caché à l'intérieur de la main. Les femmes sont en mouvement perpétuel, elles sont actives et ont besoin de porter des créations qui les mettront en valeur quelle que soit la situation ou la position dans laquelle elles se trouvent.


  
Pensez-vous que le fait d'associer la joaillerie à des produits technologiques comme les téléphones portables contribue à dévaloriser votre profession en la désacralisant?


A mes yeux, la joaillerie a pour fonction d'embellir un corps, pas un objet du quotidien; un bijou doit être porté pour prendre toute sa dimension. Je conçois l'emploi des pierres et des métaux précieux dans le cadre d'objets ornementaux, on atteint alors une dimension qui relève de la décoration. Par contre, je déplore la banalisation de la joaillerie lorsqu'elle s'applique à des objets aussi usuels que peuvent l'être des téléphones portables, susceptibles d'être perdus ou cassés. Des pierres telles que les diamants sont faites pour être valorisées, chéries, transmises d'une génération à une autre. Elles sont précieuses, de ce fait ne sont pas destinées à des articles technologiques ou des gadgets dont la durée de vie est limitée.



Y a-t-il des projets d'exception auxquels vous aimeriez vous consacrer?

Bien que passionnée de joaillerie, je considère qu'il y a dans la vie des choses beaucoup plus importantes, comme par exemple les actions caritatives qui constituent véritablement des projets d'exception car rien ne compte plus que ce qui a trait à l'Homme. Nous allons prochainement assister à une soirée de charité pour laquelle une paire de nos boucles d'oreilles sera mise aux enchères. La recette de la vente sera destinée à un projet de notre choix, en l'occurrence permettre à des orphelins de partir en vacances. Le fait que la joaillerie devienne un vecteur permettant de rendre le sourire à un enfant est représentatif de ce qui, pour moi, incarne un projet d'exception.



L'or atteint des prix de plus en plus élevés et devient une valeur refuge. Comment envisagez-vous l'avenir de votre profession et celui de votre entreprise?


Le prix de l'or est un problème majeur auquel se trouve confrontée notre industrie. C'est notre matière première et il semble que la tendance ne s'oriente pas vers la baisse dans un proche avenir. Pour le moment, nous avons la possibilité de conserver notre liberté créative sans avoir à nous limiter pour des raisons budgétaires. L'avenir nous dira si nous devrons tenir compte de l'inflation dans l'élaboration de nos futures collections. A l'heure actuelle, nous sommes dans l'expectative, les fluctuations boursières sont telles qu'elles ne nous permettent pas de nous positionner de façon claire par rapport au marché. Quoi qu'il en soit, l'industrie de la joaillerie est importante, elle jouit d'une grande ancienneté et son ancrage est suffisamment solide pour que les différents aléas économiques ne la fassent pas sombrer. Le luxe est synonyme de rêve et les gens auront toujours besoin de rêver, quel que soit le contexte socio-économique, c'est pourquoi je demeure confiante par rapport à l'avenir de la profession en général et de notre entreprise en particulier.


  


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LES PROBIOTIQUES, ALLIES MECONNUS DE LA SANTE



Comme en témoigne la nature, le printemps est la saison du renouveau. Le retour du beau temps donne envie de se sentir bien dans son corps. Or le bien-être est étroitement lié à l'équilibre digestif, souvent mis à rude épreuve durant la période hivernale: infections diverses, fêtes de fin d'année, alimentation plus riche... Afin d'aborder les beaux jours dans des conditions optimales, il peut être utile de recourir à des produits naturels aux multiples vertus: les probiotiques.


  
L'intestin est considéré comme le premier organe immunitaire de l'organisme: sa muqueuse abrite un tissu lymphoïde regroupant les trois-quarts de nos cellules d’auto-défense. Son rôle est complexe car il doit lutter contre les agents pathogènes, des micro-organismes pouvant provoquer des maladies, tout en les différenciant des particules alimentaires et des bactéries constituant la flore digestive. Contrairement aux antibiotiques, dont la fonction est de détruire les bactéries responsables d’infections, les probiotiques sont constitués de micro-organismes vivants exerçant une action positive sur la santé en rendant la flore intestinale plus performante. Du fait de leur apport en bactéries «saines», les probiotiques contribuent à rendre l'intestin moins perméable, donc plus résistant face aux agressions. Ces micro-organismes ont différentes propriétés majeures dont celle de synthétiser des bactériocines (un antibiotique naturel qui protège l'intestin) et d'empêcher la colonisation de la flore par des bactéries néfastes, ce qui nuirait à son équilibre. Comparable à une sorte de "barrière" protégeant l'organisme contre certains germes responsables d'infections, la flore a différentes fonctions physiologiques dont l'importance est fondamentale; grâce à elle, le corps humain est en mesure de synthétiser certaines substances (comme la vitamine K, essentielle à la vie, dont le rôle est d'assurer la coagulation sanguine) ou de digérer des molécules comme la cellulose.


Le tube digestif renferme plus de cent mille milliards de bactéries issues de quatre cents espèces différentes. On retrouve divers types de flore au niveau de l'estomac (ce milieu étant très hostile du fait de son acidité importante, il ne renferme qu'une faible colonie bactérienne), de l'intestin grêle et du côlon (c'est à ce niveau que la flore est la plus abondante). Inexistante à la naissance, la flore intestinale se développe au bout des 24 à 48 premières heures de la vie au cours desquelles elle investit le tube digestif de façon hiérarchisée. Ainsi, on différencie trois groupes:


- La flore dominante, composée de Bifidobactérium et de Bacteroïdes.


- La flore sous-dominante, majoritairement composée de Lactobacillus.


- La flore contaminante, pouvant être à l'origine de maladies mais théoriquement absente.



Les micro-organismes composant la flore vivent les uns avec les autres, formant un écosystème au sein duquel des bactéries naissent et meurent. Ils doivent cohabiter avec de nouveaux micro-organismes provenant d'aliments comme le yaourt, le fromage et toutes les denrées fermentées. Bien qu'étant à la fois bénéfique et indispensable à la santé, la flore est soupçonnée de jouer un rôle précurseur dans le développement de certaines affections intestinales lorsqu'elle est perturbée par une maladie, une infection, un trouble du système immunitaire, le stress, une alimentation inappropriée ou certains médicaments, d’où la nécessité de rétablir son équilibre. C'est à ce niveau qu'interviennent les probiotiques, qui se divisent en quatre grandes catégories:


- Les bifidobactéries (Bifidus) possédant une bonne résistance aux sucs gastriques. Elles permettent de renforcer le système immunitaire, lutter contre la constipation et les gastro-entérites. Entrant dans la composition des yaourts, elles rendent ces produits laitiers plus digestes en réduisant le phénomène d'intolérance au lactose.



- Les ferments lactiques produisant de l'acide lactique issu de la fermentation de certains sucres tels le lactose. Il en existe deux catégories: les lactobacilles (Lactobacillus bulgaris, Lactobacillus acidophilus et Lactobacillus casei) et les coques (Enterococcus et Streptococcus). Ces bactéries sont employées pour la fabrication des yaourts et de certains aliments fermentés. Elles permettent de lutter contre la constipation. Le Lactobacillus GG est quant à lui efficace dans la prévention de la diarrhée du voyageur ("tourista").



- Les levures de bière actives apparentées aux Saccharomyces, principalement utilisées par l'industrie agroalimentaire. Les Saccharomyces boulardii sont des colonies de champignons fréquemment sollicitées pour maintenir et restaurer la flore du gros intestin et de l'estomac, car elles ont démontré une bonne résistance en milieu acide. Riches en vitamines du groupe B et en protéines, elles ont la particularité de digérer le sucre et l'amidon. Cette catégorie de probiotique a démontré son efficacité sur les diarrhées lors de différents essais cliniques.


- Les autres bactéries issues de spores (notamment Bacillus subtilis et Cereus)


Les probiotiques les plus fréquemment employés dans le cadre de l'industrie agroalimentaire et diététique (marché des compléments alimentaires) sont les bifidobactéries et les ferments lactiques. La levure de bière active "Saccharomyces boulardii" bénéficie quant à elle d'une autorisation de mise sur le marché en tant que médicament (délivrée par le ministère de la santé français) du fait de son efficacité prouvée sur la prévention des diarrhées consécutives à une antibiothérapie.



Les probiotiques ont trois fonctions majeures:


- l'amélioration de l'immunité, qui passe par une modulation du système immunitaire intestinal lorsque ce dernier est en proie au déclin ou à une stimulation excessive. 


- le renforcement de la fonction de "barrière" de la muqueuse intestinale pouvant se traduire par un accroissement de la production de mucus ou d'anticorps.


- la protection antimicrobienne se manifestant par le "blocage" des invasions bactériennes responsables d'infections et de leur adhésion aux parois intestinales. 



Les deux extrêmes de la vie constituent des périodes au cours desquelles les individus sont particulièrement sensibles. A la naissance, le tube digestif de l'être humain est stérile. Si la barrière protectrice formée par la flore intestinale n'existait pas, les nourrissons seraient en proie à toutes sortes d'infections, y compris les plus graves pouvant entraîner la mort; de plus, ils se trouveraient dans l'incapacité de synthétiser la vitamine K indispensable à la coagulation (à titre préventif, tous les nouveaux-nés reçoivent une dose de cette vitamine). La flore digestive des bébés commence à se mettre en place progressivement dès qu'ils viennent au monde, au contact de leur mère, des aliments et de l'environnement, mais il faut compter entre trois et six mois pour que la fabrication des anticorps intestinaux soit complète. Le lait maternel contient des anticorps qui vont tapisser la muqueuse digestive du nouveau-né, la protégeant ainsi des agressions microbiennes pendant cette période transitoire au cours de laquelle le nourrisson est particulièrement fragile. Le système immunitaire n'atteignant pas la maturité avant l'âge de 5 à 6 ans, les jeunes enfants sont plus sensibles aux infections intestinales, ce qui explique la fréquence des diarrhées par rapport aux adultes. Des études cliniques ont révélé que l'emploi de laits fermentés permettait de réduire significativement la fréquence et la durée des épisodes de diarrhées chez les enfants sujets aux infections intestinales; en effet, les probiotiques contenus dans ces aliments stimulent certaines cellules responsables des défenses immunitaires et agissent sur la synthèse d'anticorps se trouvant dans l'intestin, d'où une meilleure résistance aux agents infectieux.


Avec l'âge, la flore intestinale s'appauvrit, entraînant un déclin progressif de l'immunité associé à une diminution de l'absorption digestive, ce qui donne lieu à des infections plus fréquentes, des troubles de la digestion et certaines carences nutritionnelles. Une supplémentation en probiotiques permet de réensemencer la flore et de limiter les désagréments liés à son affaiblissement. 


En outre, différentes recherches cliniques ont démontré que les probiotiques pouvaient contribuer à améliorer, prévenir ou du moins soulager certains troubles digestifs comme la constipation, le syndrome de l'intestin ou du côlon irritable et la colite ulcéreuse. Leur efficacité dans le cadre de la prévention et du traitement de la diarrhée infectieuse chez les adultes et les enfants (en complément d'une réhydratation) a été démontrée en milieu hospitalier. Les probiotiques peuvent également prévenir les diarrhées dues aux antibiothérapies (par le biais des Saccharamyces boulardii, comme nous l'avons précédemment mentionné) et diminuer la fréquence de récidive de certaines infections gastro-intestinales récurrentes. Par ailleurs, du fait de leur action sur les mécanismes immunitaires, les probiotiques ayant été administrés à des femmes enceintes diminuent les cas d'allergies, d'asthme, et réduisent de moitié l'impact de l'eczéma atopique des nourrissons.


L'entretien de la flore intestinale ne se limite pas à la seule consommation d'aliments fermentés comme le fromage, la choucroute ou certaines préparations lactées; les souches bactériennes doivent démontrer qu'elles ont de réels effets sur la santé afin de recevoir la dénomination de probiotique. De plus, il n'est pas rare que les bactéries contenues dans les produits fermentés soient détruites par le mode de cuisson, de préparation ou de conservation. Si elles meurent avant d'arriver dans l'assiette du consommateur, ces souches ne présentent plus le moindre intérêt pour la santé. Parmi les différentes catégories de denrées, les yaourts sont à privilégier car ils contiennent dix millions de bactéries par gramme et ont l’avantage d’être peu caloriques. 


Du fait de leurs nombreuses vertus, les probiotiques suscitent l'intérêt de l'industrie agroalimentaire, consciente des enjeux économiques pouvant découler des "alicaments", aliments ayant une action bénéfique sur la préservation de la santé ou permettant la prévention de certaines maladies. Ainsi, les laboratoires de recherche ont mis au point des produits spécifiques visant à stimuler l'immunité en maintenant ou rétablissant l'équilibre de la flore intestinale. Parmi ces "aliments santé", on retrouve certains yaourts et laits fermentés contenant des souches de probiotiques ayant des effets notoires sur l'organisme (de nombreux médecins évitent de recommander ce type de produits à leurs patients car les intolérances et les allergies aux produits laitiers sont très répandues. Il faut également savoir que ces préparations contiennent généralement des sucres ou des édulcorants favorisant le développement des agents pathogènes). L'AFSA (Agence Française de Sécurité des Aliments) a reconnu qu'une boisson lactée contenant des souches de Lactobacillus casei Defensis «participait au renforcement des défenses naturelles de l'organisme dans le cadre d'une consommation quotidienne». De même, on trouve désormais des préparations formulées à base de prébiotiques et probiotiques agissant en symbiose afin d'obtenir une action plus ciblée sur le système digestif. Les prébiotiques sont des substances inertes (généralement des fibres alimentaires solubles issues des végétaux, comme l'inuline) dont se nourrissent les bactéries de la flore intestinale voyant ainsi leur activité et leur croissance stimulées. L'interaction prébiotiques/probiotiques contribue à une meilleure régénération de la flore intestinale et favorise l'équilibre digestif.


Les personnes présentant des intolérances aux produits laitiers ont la possibilité de s'orienter vers des compléments alimentaires sous forme de gélules ou de sachets, une façon simple de consommer des probiotiques. Il faut cependant faire preuve de vigilance et s'assurer que les compléments en question contiennent un nombre précis et suffisant de bactéries vivantes (entre deux et six milliards au minimum). La condition sine qua non à l'efficacité des bactéries provenant des probiotiques est qu'elles soient vivantes lorsqu'elles arrivent dans l'intestin; afin d'éviter leur destruction résultant d'un passage dans le milieu acide de l'estomac, il est recommandé de choisir des conditionnements sous formes de capsules entérosolubles qui se dissoudront dans la zone cible: l'intestin. Les personnes souhaitant consommer des probiotiques dans le but de rééquilibrer leur système digestif peuvent prendre entre deux à dix milliards de bactéries lactiques par jour en une ou deux prises (selon le conditionnement des compléments alimentaires) trente minutes avant l'un des principaux repas, pendant quinze à trente jours. A titre préventif, avant un voyage à l'étranger, il est recommandé de faire une cure de levure de bière active (Saccharomyces boulardii) à raison de 250 à 500 mg par jour, une semaine avant le départ. En cas de diarrhée, une supplémentation dosée entre deux et dix milliards de bactéries lactiques, à prendre trente minutes avant chacun des trois repas, donne de bons résultats. Si l'accélération brutale du transit est causée par une antibiothérapie, il est nécessaire d'attendre au moins deux heures entre la prise d'antibiotiques et l'ingestion des probiotiques; les antibiotiques portant atteinte à l'intégrité de la flore intestinale (ils détruisent certaines "bonnes" bactéries en plus de celles qui sont nocives), les médecins conseillent de continuer à prendre des probiotiques pendant les deux semaines consécutives au traitement.  



A ce jour, les mécanismes de fonctionnement des probiotiques et des prébiotiques n'ont pas encore été clairement définis, cependant leurs propriétés sont officiellement reconnues par le corps médical qui les emploie à titre préventif et curatif afin d’améliorer la qualité de vie des patients, quel que soit leur âge.